Peur du dentiste : comment la neutraliser avec la sophrologie
Sans forcément aller jusqu’à la «stomatophobie », on sait qu’un Français sur deux dit avoir peur du dentiste. La peur commence à se construire dès le moment de prendre rendez-vous, et se manifeste jusque pendant la consultation.
Les patients d’un dentiste disent avoir du mal à dormir la veille, être « stressés » en entrant dans le cabinet, et jusqu’à la crise d’angoisse dans le fauteuil. Or, personne n’a réellement peur du dentiste… C’est ce que va vous aider à comprendre votre sophrologue.
Le dentiste, éternel chirurgien boucher ?
Pas du tout. Le dentiste est en réalité le reflet d’un sentiment de peur. On n’a pas peur du chirurgien. Le praticien, en soi, ne terrorise pas. Mais en évoquant son nom, on passe aussitôt à un état anxieux, on imagine la fraise, le masque sur son visage, les piqûres dans la gencive, la lumière qui aveugle… Et on entre dans la peur panique.
En réalité, plus que le chirurgien dentiste, c’est souvent la situation, l’ambiance du cabinet qui créent le malaise lors de l’intervention. C’est l’état passif du patient ou de la patiente, pendant qu’on agit sur son corps, sur sa bouche, qui plus est, où les sensations sont démultipliées. Ce sont les odeurs des produits, les bruits de la roulette, ou encore la posture qui fait se sentir enfermé, contraint.
D’où vient cette peur du dentiste ?
Personne ne naît avec la phobie du dentiste. C’est une peur qui s’installe. Chez certains, elle se transmet avec la personne qui accompagne l’enfant au cabinet pour la première fois. Chez d’autres, elle peut apparaître après une expérience douloureuse.
Quoi qu’il en soit, le dentiste est l’un des rares praticiens à rester auréolé d’une aura de peur généralisée.
Heureusement, la peur du dentiste n’a rien d’une fatalité. Si on ne naît pas avec, on peut s’en débarrasser ou la gérer de façon confortable. On peut parfaitement apprendre à notre corps et à notre esprit à désacraliser cette peur qui semble indéboulonnable.
Se réapproprier ses sensations, modifier ses perceptions
La première chose à comprendre, avec le sophrologue, c’est qu’il n’y a pas de fatalité. Exit, donc, les expressions telles que « je suis peureux » ou « je suis une éternelle phobique du dentiste ». En réalité, nous sommes parfaitement capables d’éliminer des perceptions que l’on avait enfermées dans les mauvaises cases. En résumé, personne n’est condamné à rester prisonnier de ses émotions.
La peur se vit et se ressent dans le corps, pas seulement dans l’esprit où on croit l’enfermer. Il ne suffit donc pas de se dire « je n’ai pas peur » pour la faire s’évaporer. Il s’agit plutôt de passer par une prise de conscience de son corps, et de sentir où se passent les choses.
En prenant conscience des éléments du corps liés à l’intervention du dentiste, le patient peut commencer à déconstruire la peur. En ressentant sa bouche, ses dents et leur place dans ses gencives, le poids de sa mâchoire et son articulation, en ressentant les choses de la langue à la structure osseuse, le patient réalise aussi tout ce que fait sa bouche. Comment fonctionnent les choses. Il rend consciente sa santé et il devient alors beaucoup moins anxiogène de toucher à ses molaires pour maintenir le bon équilibre de tout cet univers.
Ainsi, plutôt que de vous concentrer sur la peur de la douleur, vous vous concentrez sur le besoin de soulager cette dent ou cet abcès. Plutôt que d’anticiper l’angoisse des traitements dentaires, vous avez conscience de la nécessité l’extraction d’une carie ou de ces dents de sagesse pour que votre bouche aille mieux. Vous finissez par considérer comme il se doit le « soin dentaire ». La notion de « soigner » reprend un sens apaisant.
Se projeter dans la situation qu’on préfère vivre
Le travail du sophrologue est aussi d’accompagner – par la respiration notamment – la création de sensations agréables.
D’abord en anticipation du rendez-vous médical, par des projections. En s’imaginant par exemple en conditions agréables (y compris physiquement), comme un déjeuner entre amis, où la bouche est impliquée dans des sensations positives. On introduit ensuite l’image du dentiste avant de repasser à la projection de ce déjeuner agréable. En passant d’un phénomène positif au négatif, puis en le ramenant sur le positif, on modifie ses propres perceptions.
Cela peut aussi se faire par le biais de l’hypnose, qui aide à nettoyer l’inconscient de cette appréhension presque mécanique du « ça fera forcément mal ».
Plutôt que de se projeter dans la douleur, il s’agit de se projeter dans ce que l’on souhaite vivre : ne plus avoir mal aux dents, ne pas avoir de crampe aux mâchoires en sortant, ne pas ressentir l’agression de la piqûre, ou ne plus avoir mauvaise haleine.
Être acteur de sa santé
En déconstruisant ses phénomènes bloquants, la personne va se réapproprier les choses. À commencer par le soi qui s’est fait avaler par une peur surdimensionnée.
Et cette personne qui s’écrase sous un lourd schéma d’appréhension peut décider elle-même de ce qu’elle veut vivre et ressentir pendant une consultation.
Si elle ne supporte pas que le médecin lui décrive ou lui explique ce qu’il fait pendant l’opération, il faut le dire. Si elle a besoin de se concentrer sur un bruit, une image, pour s’évader du moment, elle peut le faire. Le patient, même sur le fauteuil, même lorsqu’il reçoit les soins, est acteur de ce qui lui arrive. Il n’est pas seulement une bouche qui subit l’intervention, il est acteur de sa santé.
Par ailleurs, de plus en plus de dentistes se forment aujourd’hui à la sophrologie pour mieux aborder leurs patients phobiques ou bloqués par la peur. Certains vous proposeront d’écouter de la musique pendant le traitement, d’autres travailleront aussi à vous apaiser par la parole, voire sur des techniques de relaxation plutôt que de vous inciter froidement à surmonter la peur.
La peur du dentiste ne s’éradique pas, elle se déconstruit pour arriver à vivre une expérience plus confortable.